dimanche 21 février 2010

Sherlock Holmes - critique -

Sherlock Holmes, dans le Londres du XIXe siècle, est en manque d'énigmes à élucider et d'enquêtes à résoudre. Affiché avec son collègue de toujours, John Watson, Sherlock saute sur la première occasion pour mettre ses neurones à rude épreuve en tentant d'arrêter un criminel connu sous le sobriquet de Lord Blackwood. Ce dernier, potentiellement dangereux et réputé pour son exercice dans la magie noire, est arrêté et n'échappe pourtant pas à la potence. Mais revenu d'entre les morts, il compte bien assouvir ses plans jusqu'au bout, et devenir ainsi le maître du monde...
A quoi devons-nous nous attendre d'un film réalisé sous la houlette de Guy Ritchie himself, ex mari de Madonna ? A priori, pas grand chose. Cependant, mauvaise langue que je suis, force est d'admettre que son long métrage s'en sort plutôt haut la main, même s'il est handicapé par de si grands défauts qu'il rabaisse Sherlock Holmes à un film creux dans la réflexion et pire, à un film dénaturant tout un mythe sur son personnage principal. Sir Arthur Conan Doyle fait bien d'être mort. Ritchie reprend à sa sauce de cuisto le personnage légendaire, avide d'énigmes les plus tortueuses, pour en construire un faux gentleman pédant et je-m'en-foutiste, cheveux dans le vent à la l'Oréal et abdominaux en béton. Rien, de l'image traditionnelle que nous nous faisions de cet élégant homme british aux bonnes manières, ne concordent avec l'attitude de notre Holmes ici. Son acolyte, Watson, sert de faire-valoir tout le long du long métrage, et ce n'est pas la prestation fade au possible de Jude Law qui viendra ajouter de la séduction et du charisme au résultat final. L'atout ne semble donc pas reposer sur la performance de ses acteurs, et encore moins sur son histoire, ridicule, ennuyeuse et plate comme une crêpe. Alors, me direz-vous, qui y a t-il à sauver de ce naufrage ?
Et bien là où Ritchie s'est révélé plutôt intelligent (car sans doute conscient de son scénario bancal comme tous blockbusters qui se respectent), c'est d'avoir misé sur un esthétisme irréprochable, plongeant le film dans un Londres crapoteux, entre des barbaques de porcs et la puanteur de ses égouts. Il n'y a rien à redire sur les passages nocturnes, d'une troublante beauté, qui saluent la performance des décors, des photographes, mais aussi des cadreurs (le final est très réussi). La musique de Hans Zimmer vient évidemment, et comme toujours, rajouter un petit plus pour donner au film la personnalité que n'a su donner ses interprètes. Les énigmes sont bien façonnées, mises en scène par des sortes de clip vidéo nerveux faisant des allers et retours incessants ; mais qui, malheureusement, évitent au spectateur d'activer son cerveau, en transformant le mystère en rationalité. Ce qui, à mon sens, reste la principale erreur du film. Sherlock Holmes se laisse donc regarder, pour le simple divertissement qui n'est point un crime, mais ne restera en rien dans les annales du septième art comme le film qui aura su fait renaître un des hommes les plus fascinants du XIXe siècle victorien en Angleterre.

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