mercredi 3 février 2010

La princesse et la grenouille - critique -

Tiana est nourrie d'espoirs dès sa plus tendre enfance. Depuis toute petite, elle rêve en effet de bâtir son propre restaurant, et cela à la mémoire de son père. Mais le manque de moyens financiers la fait revenir sur terre : Tiana doit travailler dur pour parvenir à ses fins. Sa meilleure copine, enfant pourrie gâtée, ne l'aide pas beaucoup dans sa démarche, ne manquant jamais une occasion de lui étaler sa situation aisée. Mais un jour, Tiana, par un heureux concours de circonstances, est habillée en grande dame du monde. C'est alors qu'elle fait la rencontre d'une grenouille qui lui assure être un prince victime d'une injuste malédiction...
Il aura fallu un bon paquet d'années pour que Disney se rende enfin compte que c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes, à savoir le retour au dessin traditionnel. La princesse et la grenouille constitue pour cela une perle de l'animation, avec ses couleurs bigarrées, chatoyantes, ses soucis effarants du détail et cette fluidité dans les mouvements qui impressionnent à chaque seconde. La Nouvelle-France renaît sous nos yeux, avec tous les clichés qui accompagnent la Louisiane, les costumes et l'ambiance musicale entre jazz nostalgique et blues acidulé.
L'histoire est bien moins originale que les classiques Pixar, mais suffisamment minime pour laisser les petits aller bon train dans leur imagination. La particularité d'avoir mis en scène pour la première fois une héroïne afro-américaine (conséquence de l'effet "Obama") a fait beaucoup couler d'encre. Disney a osé tirer des nouvelles ficelles, et le mérite n'en ressort que plus grand. Tiana, ce n'est pas seulement une personne de couleur noire, c'est aussi le porte-parole d'un monde légèrement plus ouvert d'esprit. Et même si Disney a parfois eu tendance à vouloir pousser le bouchon trop loin en faisant peser sur la balance la brave noire pauvre et intègre de sa personne (Tiana) avec la blanche infernale et sclérosée dans sa bulle dorée (Charlotte), le message captive toutes les générations et apparaît au final comme un beau réquisitoire contre l'intolérance.
Les personnages reprennent la parole et chantent à travers de somptueuses chorégraphies. Les multiples clins d'oeil aux précédents films d'animation Disney sont légions (La petite sirène, Aladdin, Cendrillon, Bernard et Bianca...), faisant ainsi de La princesse et le grenouille un hommage à ses ancêtres. L'on reprochera néanmoins une prise de risque de la part de Disney assez superficielle dans la mise en scène de ses seconds couteaux : le classique trublion de service, l'incompris et le beau gosse narcissique seront de la partie. Pour les plus sarcastiques d'entre nous, il suffira donc seulement de fermer les yeux et de suivre l'histoire pour se rendre très bien compte de la physionomie de ces personnages, répondant à tous les critères de bases qu'on est en droit d'attendre.
Finalement, La princesse et la grenouille est là pour confirmer le haut talent inépuisable des studios Disney. Le retour à la planche est largement réussi, grâce à des décors pleins de chaleur et ses personnages attachants. Peut-être trop niaiseux dans le traitement des sentiments (aimant s'engouffrer sans limite dans le happy-end écoeurant), La princesse et la grenouille nous fait néanmoins passer un bon moment innocent et optimiste, au service d'une fresque musical entraînante.

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