samedi 30 août 2008

Un long dimanche de fiançailles - critique -

En 1919, Mathilde a 19 ans. Deux ans plus tôt, son fiancé Manech est parti sur le front de la Somme. Comme des millions d'autres, il est "mort au champ d'honneur". C'est écrit noir sur blanc sur l'avis officiel. Pourtant, Mathilde refuse d'admettre cette évidence. Si Manech était mort, elle le saurait !
Après Le fabuleux destin d'Amélie Poulain, voici venu le nouveau film de Jeunet, autant dire que tout le public français attendait ce film au taquet vu le succès international et mérité de son prédécesseur. Un long dimanche de fiançailles possède comme un air de déjà vu. On retrouve en effet les mêmes ingrédients qu'Amélie Poulain (filtrage jaune, acteurs, voix off, une photographie léchée...) sauf que l'histoire est bien différente. On passe de la comédie au drame : du XXIeme siècle, on s'envole pour le début du XXeme et l'action se passe principalement dans les tranchées alliés et en Bretagne. La reconstitution d'époque est formidable : à travers son habituelle image sépia et une maîtrise technique impeccable, Jeunet transforme et révolutionne son film en une sorte de documentaire historique, un témoignage de l'époque et de sa Première guerre comme elle fut difficile et impitoyable. Le Paris rendu est spectaculaire, et la retranscription de la vie des poilus, sauvage. Le tout saucé par une poésie hors du temps et d'une noblesse rare qui amène à se souvenir et à commémorer nos soldats français morts pour l'honneur et le pays. Jeunet touchait là un point sensible (sujet tabou malgré tout, car traumatisme encore ancré dans la mémoire collective) et réussit le pari de sublimer le cauchemar de la guerre en une histoire d'amour bouleversante. Ainsi, le film est uniquement basé sur l'idée d'espoir, que celui-ci permet aux gens de ne pas s'endeuiller inutilement ,douloureuse étape à franchir en acceptant la réalité ; et surtout, qu'il permet à ces gens de continuer à vivre au gré d'une attente interminable de voir surgir de l'horizon une bonne nouvelle pour amener la paix intérieure. Cet espoir là est universelle et le choix d'avoir pris Audrey Tautou pour l'incarner est beau à voir. Loin de son image naïve de parisienne bluette, Tautou campe ici une femme en détresse qui construit sa vie dans le jeu des superstitions et des hasards pour se donner du courage dans la recherche de son fiancé bien-aimé. La façon de filmer est touchante (beaucoup de symboles (le phare, l'albatros...), et de connotations) et Jeunet se montre poète comme jamais, amenant à embellir le cinéma français dans une élégante et ravissante imagerie universelle. Ce qui est clair, c'est qu'il n'a pas fait les choses à moitié et n'a pas pris la grosse tête du succès phénoménal de son dernier film.
Les petits défauts, tout film en possédant, sont l'éventuelle longueur qui malgré la mise en place du confort du spectateur à s'identifier et connaître tranquillement la multitude des personnages, amène celui-ci à s'impatienter.
Un presque sans faute pour cette belle histoire d'amour lumineuse repêché au fin fond de l'horreur, Un long dimanche de fiançailles est un film émerveillant nos sentiments, qui une fois n'est pas coutume dans notre cinéma national (il faut voir la misère des films qui habite les salles), fait preuve d'un réel scénario au sein d'une réelle horde d'acteurs dans une musique qui file des frissons. La Grande guerre, bien souvent effacé au profit de la seconde, nous ait montré sous beaucoup de coutures et sans détour. La perte de l'être cher ou la non renonciation à accepter la vérité peut être signe à vivre heureux, le tout étant de donner du temps au temps.

1 commentaire:

Yirah Acevedo a dit…

Salut!!

Je viens de publier une critique sur ce film. C'est un magnifique film!
http://yirah07.blogspot.com/2012/02/un-long-dimanche-de-fiancailles.html

Bisous!