dimanche 11 mai 2008

La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier - critique -

Delf, au XVIIeme siècle, la jeune et ravissante Griet est engagée comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Elle s'occupe du ménage et des enfants en s'efforçant d'amadouer l'épouse, la belle-mère et la gouvernante, chacune très jalouse de ses prérogatives. Surtout quand le peintre Vermeer voit en elle le modèle de sa prochaine toile...et qui deviendra la Joconde de Hollande.
Voilà un roman des plus envoûtants... Dans une écriture à la fois belle et simple, Tracy Chevalier imagine l'histoire de cette supposée servante qui aurait mis une pagaille incroyable dans la famille des Vermeer. Près de 300 pages qu'on lit d'une traite ! A mi-chemin entre le roman et la biographie, La jeune fille à la perle est à lire comme le fantasme d'une écrivaine qui voulait bousculer ce petit monde social avec les bourgeois d'un côté (Vermeer) et le peuple de l'autre (Griet). On se rend compte que le XVIIeme siècle en Hollande revient précisément à notre époque : toujours ces stupides banquets où l'on étale sa richesse et les bonnes qui récurent les assiettes dans la cuisine chez les nantis. Puis Griet arrive. Personnage trouble, complexe, et d'un charme fou, elle fascine le peintre tel une Muse. On ressent son malaise en lisant les pages face à la situation : m'abandonner dans l'univers sans retour du peintre ? ou ne pas oublier mes valeurs, celles d'une fille pauvre vivant dans un milieu où la peste court les rues ? Difficile de faire un choix selon Griet. Si elle travaille chez les Vermeer, c'est avant tout pour subvenir aux besoins de sa famille, et dès lors où le scandale éclate, elle perd tout lien avec elle. Elle est coincée dans un schéma érotique : ce n'est pas la stature sociale et la réputation de Johannes Vermeer qui l'attire mais sa faculté à voir une autre réalité : celle des couleurs, et de l'importance géographique que prend un objet dans une pièce. Car Griet est pareil que lui, le talent artistique en moins. La femme de Vermeer en sera verte de jalousie et verra en Griet une personne capable d'empoissonner l'amour que porte son mari envers sa propre personne. L'histoire de la "perle" en sera le point culminant. C'est donc dans un style très enchanteur que Chevalier nous amène à adorer et détester ses personnages. Sa personnalité vibre à chacune de ses pages. Et son histoire est très belle, unissant l'amour d'une domestique-élève à son patron-maître. On y voit aussi beaucoup de symboles qui planent : la rose des vents en est le meilleur exemple. Griet commencera et finira son voyage sur elle. Quelle direction prendre ? Où me mène mon destin ?
La jeune fille à la perle, ou un roman hypnotique comme on les aime.

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