dimanche 6 avril 2008

Six Feet Under - critique saison 2 -

Nous avions terminer la saison 1 sur une note positive, qui laissait présager le meilleur pour l'avenir de tout à chacun. Pourtant, cette saison 2 va représenter une grande descente aux enfers.
Nate semble épanoui dans sa relation avec Brenda, qui se remet tout doucement de l'internement de son frère dans un hôpital psychiatrique. Il découvre qu'il a un anévrisme et vit dans la peur de mourir du jour au lendemain. Douce ironie de la vie quand on sait qu'il ne fume pas, pratique son sport tous les jours et mange bio. Étant fâché contre l'existence de par cette injustice, il décide de cacher sa maladie, et remet en question sa façon de vivre. Passons nous à côté de l'essentiel ? Quotidieniser sa vie est-il un mode de vie que la société permet d'autoriser à l'individu ? (la tante Sarah a très bien saisi le sens de cette question). Quand bien même nous sommes jugés par des gens que nous ne connaissons pas ou très peu, cela nous empêche t-il pour autant de ne pas vivre sa vie comme on le voudrait ? Il prend ses distances avec Brenda car elle ne semble pas intéressée aux détails de sa vie, et trouve donc du réconfort chez une amie d'autrefois Lisa, qu'il engrosse involontairement.
Claire, de son côté, sort avec un copain qui ne semble plus avoir conscience de ses actes (braquage, drogue, tir par balles). Elle traverse une crise existentielle : suis-je bonne à quoi dans la vie ? et découvre que lorsque l'on se donne les moyens pour trouver sa voie, celle-ci apparaît toujours au moment où l'on se sent prêt.
David assume son homosexualité et c'est la situation inverse qui semble se produire avec Keith par rapport à la première saison. Keith déprime, et David l'épaule. Il découvre les joies que l'on a d'éduquer un enfant (la nièce de Keith). Le dernier épisode marquera un point de non retour dans sa relation presque bestiale avec Keith.
Mais les deux personnages qui nous bouleversent le plus sont assurément Ruth et Brenda. Ruth a la très forte impression de ne plus avoir de rôle dans sa propre maison. On la met à l'écart. Elle se retrouve seule pour dîner (en trouvant un intérêt curieux à placer les aliments de façon ordonnée dans son assiette), participe à un programme d'aide au développement personnel (le PLAN) et en est même au point d'assister Nikolaï (son petit-ami, qui a les jambes cassées) comme elle le fit des années auparavant pour sa grand-mère cul-de-jatte, et qui lui a encore laissé des séquelles irréparables. Elle se sent impuissante, n'accepte pas que ses enfants la mette dans l'ignorance sous prétexte qu'ils sont devenus adultes. C'est pourquoi elle s'identifie tant à Emilie Previn (épisode 5), cette femme morte asphyxiée à cause d'un morceau de pomme de terre coincé dans sa bouche. Cette femme était "invisible" et seule au monde. David dit d'ailleurs :" Sans doute était-ce sa façon de vivre à elle, et que ça lui convenait", et Ruth de répondre : "Mais ce n'est pas une vie, ça!". A la fin de l'épisode, elle se mettra à pleurer devant les photos de ses enfants étant petits, comme si elle dressait le bilan de sa vie, déjà menée à bien.
Enfin, Brenda développe une sorte de schizophrénie. Lasse de sa relation trop parfaite avec Nate et de son incapacité à rester avec la même personne à long terme, elle décide d'écrire un roman et de vivre les aventures de sa propre héroïne pour puiser de l'inspiration... Elle partouze, se fait amie avec une prostituée (alors qu'au final, c'est cette dernière qui a des valeurs plus saines!), se montre voyeuse, masturbe ses clients venus pour se faire masser, et commet donc d'innombrables adultères. Le couple Nate/Brenda est complètement éclaté et hypocrite. L'un ment en sortant comme excuse qu'il est mourant et qu'au moment où il sentait le plus vulnérable, c'est vraisemblablement quand il était avec Lisa (d'où le secret de polichinelle). Et l'autre ment en sortant comme excuse que ses parents détraqués l'ont élevés dans un amour commercial et sans sentiments, et qui de fait, a eu des répercussions catastrophiques sur son caractère émotionnel, contrainte de déconner pour combler un manque.
Au final, Alan Ball réussit à faire mieux que la première saison. Il connaît par coeur son sujet, et dépeint dans une justesse folle, des portraits de gens comme ils nous ressemblent biens. Les acteurs habitent complètement leurs personnages (mention spéciale à Frances Conroy alias Ruth) et aucune situation n'est décalée, de trop, superflue. La dernière scène du dernier épisode met en avant une magnifique parabole, à savoir si finalement, ce ne serait pas nous qui décidons de notre mort.

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