lundi 14 avril 2008

The magdalene sisters - critique -

Irlande du Nord, 1964. Le destin de trois femmes, placées de force dans un couvent de la Madeleine.
Les couvents de la Madeleine, en Grande Bretagne, étaient des couvents qui accueillaient (contre leur volonté pour la plupart) des femmes "pécheresses", victimes des "turpitudes du monde moderne". Afin de les replacer dans le droit chemin, elles y séjournèrent pendant un temps indéterminé à blanchir du linge pour nettoyer leur péchés, entre autre... C'est donc comme cela que commence le calvaire des trois personnages principaux du film : Margaret, Bernadette et Rose.
Margaret, pendant un mariage, se fait violer par l'un de ses cousins, et confie cet abus à la mariée. Comme le téléphone arabe, le message passe d'oreille à oreilles jusqu'à celles du père de cette dernière et du père de religion. Deux pères, deux bourreaux. Elle est la fautive, c'est elle qui fait honte à la famille. Elle ira au couvent.
Bernadette, elle, possède le péché d'être née belle. Une responsable de son école voit en elle la grande tentatrice de la ville. Elle ira au couvent.
Rose a eu un fils illégitime hors mariage. C'est le déshonneur total pour sa famille (nous sommes à une époque où la société irlandaise (même encore maintenant) est profondément pieuse et conservatrice). Elle ira au couvent.
A travers ces trois portraits, Peter Mullan raconte (à partir de vrais témoignages) la vie vécue dans ces couvents. Et on se rend compte que les conditions dans lesquelles vivaient ces pauvres femmes (près de 30 000 !) furent tout simplement épouvantables. Elles étaient sous-alimentées, subissaient des humiliations à longueur de temps (voir la scène où les soeurs comparent l'anatomie de plusieurs filles), se faisaient battre... Rien ne passe sous silence. Chaque scène fait mal, et on pleure pour ces femmes qui ont vécu un enfer injustifié dans ces maisons du Seigneur. Les bonne soeurs paraissent pour être de véritables démons. Elles sont hypocrites au yeux de leur Dieu : voeu de pauvreté non respecté quand on voit leur magnifique table de déjeuner avec pain, charcuterie et tout autre plaisir de la bouche (gourmandise) ; voeu de chasteté non respecté quand on voit le prêtre de l'église se faire faire une fellation par l'une des pensionnaires (luxure). Ne reste plus que le voeu d'obéissance, sans doute celui qui est le moins difficile à respecter surtout quand on sait que toutes les bonnes soeurs copinaient entre elles. Bref, elles furent de véritables inquisitrices en robe noire qui déchargeaient leurs frustration et leur violence intérieure sur ces pauvres malheureuses rejetées par la société. Le film entraîna à sa sortie une si grande polémique qu'on le qualifia comme le film dont "la pellicule a failli être brûlée par le pape lui-même", un film qu'il qualifiait comme mensonger et grotesque. A la manière des camps des concentrations de 39-45, tout le monde savait pertinemment ce qu'il se tramait dans ces couvents, des traitements infligées à ces femmes. Les petits enfants pas sages étaient même menacés par leurs parents (comme nous avec le grand méchant loup) que s'ils ne dormaient pas, les soeurs des couvents allaient venir les chercher... Pourtant personne n'a réagit, n'a manifesté, n'a protesté. Pire, le film se termine par un constat désolant : celui dont le dernier couvent ne fut fermé qu'en 1996, soit 12 plus tôt. Ça fait froid dans le dos...
Pour conclure, voici un film viscéral, touchant, avec des actrices fantastiques et une réalisation impeccable qui ne tombe pas dans le manichéisme. Car finalement, même si ces bonnes soeurs et frères de Dieu furent de véritables monstres dénués de tout sentiment, ne furent-elles pas aussi d'une certaine manière des victimes de l'endoctrinisation de l'Église ?

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