mercredi 30 avril 2008

Chronique d'un scandale - critique -

Enseignante, à la veille de la retraite dans un collège de Londres, Barbara Covett n'a rien d'autre dans sa vie que son travail et un chat. Sa solitude prend fin avec l'arrivée du nouveau professeur d'art, Sheba Hart. La jeune femme se révèle l'amie idéale dont Barbara avait toujours rêvé. Lorsque Barbara découvre que sa nouvelle amie a une liaison avec un de ses jeunes élèves, leur relation prend un tour plus redoutable. Barbara menace de révéler le scandale à tout le monde, à commencer par le mari de Sheba...Dans ce jeu trouble et cruel, ce sont les propres secrets et les obsessions de Barbara qui font surface. Entre les deux femmes, commence un affrontement qui va les emmener au bout de leurs faux-semblants et de leurs mensonges...
Ce film déguisé en thriller psychologique redouble d'efficacité grâce au jeu (quasi parfait) des deux actrices. Elles campent leur personnage avec grande conviction, Judi Dench en tête. De plus, le film aborde un thème intéressant sur la pédophilie, survole subtilement celui de l'homosexualité, et surtout évite tout manichéisme. La relation qu'entretient Barbara (presque septagénaire) avec sa collègue Sheba (proche de la quarantaine) ne revient-elle au final pas au même que la relation entre Sheba et son élève de 16 ans ? A partir du moment où un enfant est consentant (à 16 ans, on est loin d'être ignorant des pratiques sexuelles de la vie) à s'embarquer dans une relation avec une personne plus âgée que lui, pourquoi condamner avec autant de sévérité cet acte que l'on juge criminel ? La question peut être trouble mais très intéressante à se poser, bien qu'extrêmement compliquée. Au contraire, Barbara met une pression sur Sheba assez violente. Elle la veut pour elle seule, victime de sa trop longue solitude ; et se sert des erreurs de son amie pour mieux la manipuler et la garder sous ses griffes. En cela, le film monte crescendo en suspens jusqu'à un final hystérique où les masques tombent et où chaque personne (Sheba et Barbara) ne sont finalement ni toutes blanches, ni toutes noires. La musique de Philip Glass ne laisse bien sur pas indifférent. Elle colle parfaitement à l'ambiance pesante et compliquée de la situation, et crispe le spectateur pour son plus grand plaisir. Chronique d'un scandale, ou un beau combat de femmes : l'une qui s'ennuie dans son univers matériel bourgeois et qui s'abandonne au péché de l'adultère avec un adolescent ; l'autre qui meurt dans sa solitude et qui y voit une occasion de sortir de sa routine afin de posséder le pouvoir de se sentir supérieur. Brillant !

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